Rupture coiffe des rotateurs

Une rupture de la coiffe des rotateurs peut se présenter sous différentes formes: tendinite, rupture partielle, rupture totale d’un tendon… La coiffe des rotateurs est un ensemble de tendons qui entourent l’épaule.

Explications du Dr Alexandre KILINC – chirurgien orthopédiste, Clinique Jouvenet Paris.

Qu’est-ce qu’une rupture de la coiffe des rotateurs ?

Définition de la coiffe des rotateurs

La coiffe des rotateurs est un ensemble de tendons qui entourent l’épaule.

Elle est constituée en avant du sous-scapulaire, en haut du sus-épineux, en arrière du sous-épineux, et en intra-articulaire entre le sus-épineux est le sous-scapulaire, de la longue portion du biceps.

Ces tendons, comme tout élément anatomique, ont une histoire évolutive et peuvent être affectés par une hyper sollicitation ou par l’usure naturelle.

Causes de la rupture de la coiffe des rotateurs

L’hyper sollicitation entraîne une inflammation appelée tendinite.

Le vieillissement naturel, associé parfois à des facteurs anatomiques, abouti à l’usure progressive du tendon qui va de la simple modification anatomique inflammatoire jusqu’à la rupture complète irréparable responsable d’une arthrose secondaire.

Cette évolution s’étend habituellement sur 15 à 20 ans. À tous les stades évolutifs correspondront des signes cliniques différents et un traitement différent, adapté aux lésions anatomiques.

Rhizarthrose du pouce pincement

Il n’y a pas de corrélation entre les lésions anatomiques et l’importance de la symptomatologie.

Symptômes d’une rupture de la coiffe des rotateurs

Un patient peut avoir une coiffe des rotateurs totalement rompue et n’avoir jamais eu aucune douleur.

Une épaule devient parfois douloureuse à l’occasion d’un traumatisme. Ce traumatisme n’entraîne pas de rupture directe de la coiffe, mais décompense sous une forme douloureuse un état pathologique préexistant qui était parfaitement bien toléré et compensé par l’action des muscles environnant et notamment du deltoïde.

Devant une épaule symptomatique, l’importance et la tolérance des douleurs décident de la mise en route d’un traitement et l’importance et la diffusion des lésions déterminent le geste à réaliser.

Examen clinique pour une rupture coiffe des rotateurs

Douleur

L’épaule est douloureuse avec une limitation des mobilités soit en rapport avec les douleurs soit en rapport avec une véritable raideur.

Les douleurs apparaissent surtout lors de l’utilisation de l’épaule mais aussi parfois au repos.

Les épaules sont souvent douloureuses la nuit et entraînent des réveils nocturnes.

Interrogatoire du patient souffrant de l’épaule

L’interrogatoire permet d’évoquer l’ancienneté des douleurs, l’existence d’un élément déclenchant de type traumatisme, micro-traumatismes répétés, activités sportives, bricolage, ainsi que les différents traitements mis en place antérieurement et leur efficacité.

L’examen clinique de la coiffe des rotateurs

Durant l’examen il faut évaluer : La mobilité globale de l’épaule et recherche le retentissement de la pathologie sur la mobilité. La mobilité active est souvent limitée par les douleurs qui augmentent au fur et à mesure que le bras s’élève.

  • L’examen des mobilités passives : permet de déterminer s’il existe un enraidissement véritable de l’épaule ou s’il s’agit d’une simple limitation antalgique de la mobilité. Un déficit de rotation externe témoigne d’une rupture probablement étendue avec une désinsertion complète du sus-épineux
  • La trophicité et la force musculaire:
    Une atrophie de la fosse sus-épineuse ou sous-épineuse est le témoin d’une pathologie probablement ancienne de l’épaule.
  • L’intégrité des articulations sterno-claviculaire et acromioclaviculaire.
  • Les signes témoignant d’un conflit sous acromial. Il correspond à un affrontement entre la pointe de l’acromion et la face superficielle de la coiffe qui vient, en théorie, frotter dessous.

Les tests Cliniques

Le principe est de déclencher une douleur dans certaines positions du bras.

  • Test de Jobe
  • Test de Patte
  • Belly press test
  • Lift off test  de Gerber

Malgré la présence de signes qui témoignent d’une lésion de la coiffe des rotateurs, il est bien souvent difficile de déterminer avec précision, à l’aide du seul examen clinique, le type de lésion anatomique. Des examens complémentaires seront donc à réaliser.

suture après rupture coiffe des rotateurs

Examens complémentaires

Ils sont primordiaux puisqu’ils vont permettre de déterminer avec précision les lésions anatomiques de l’épaule.

Radiographies de la coiffe des rotateurs

Les radiographies standards doivent être réalisées en premier. Elles apportent nombre de renseignements :

– L’épaisseur de l’interligne articulaire dans les différentes rotations permet de déterminer s’il existe une usure cartilagineuse et un début d’arthrose.

– L’examen des structures péri-articulaires recherche une ossification ou une calcification.
– L’étude du trochiter permet de noter la modification de la structure osseuse témoignant d’une lésion chronique de la coiffe des rotateurs.
– Le centrage de la tête humérale ainsi que la diminution de l’espace sous-acromial permet de déterminer l’existence d’une large rupture laissant la tête humérale monter sous l’acromion.

IRM et arthroscanner

IRM de la coiffe des rotateurs

L’IRM et le scanner vont se partager l’évaluation des lésions.

Chez un patient relativement jeune, et lorsque l’on suspecte une pathologie non rompue de la coiffe des rotateurs l’IRM apporte plus de renseignements.

Elle permet de mettre en évidence une pathologie intra tendineuse sans qu’il y ait forcément de rupture de la coiffe.

L’arthroscanner de la coiffe des rotateurs

Chez un patient chez qui on suspecte une rupture de la coiffe même partielle, l’arthroscanner est plus performant. Le principe est le même que celui utilisé pour rechercher une perforation dans une chambre à air en la plongeant dans l’eau après l’avoir gonflée.

On ne recherche pas l’issue de bulles mais une fuite du produit de contraste injecté dans l’épaule à travers un orifice dans la coiffe des rotateurs.

L’arthrographie, couplée au scanner permet de déterminer avec précision la taille de la rupture ainsi que la rétraction du tendon. Le scanner permet par ailleurs d’évaluer la dégénérescence graisseuse des muscles, facteur pronostique important lorsque l’on décide de réparer la coiffe des rotateurs.

Un muscle non relié à son insertion osseuse et n’effectuant pas d’activité régulière perd petit à petit ses fibres musculaires qui se transforment en graisse.

Cette dégénérescence graisseuse est souventle témoin de l’ancienneté des lésions et majore le risque de mauvais résultat après réparation.

L’IRM peut être, elle aussi, couplée à une arthrographie ce qui permet d’associer l’intérêt de l’arthroscanner et celui de l’IRM.

Un électromyogramme peut être utile pour déterminer l’innervation des muscles de la coiffe des rotateurs. Il n’est pas prescrit de façon habituelle et n’est indiqué que lorsque l’impotence fonctionnelle n’est pas expliquée par la taille de la rupture.

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Traitement d’une rupture coiffe des rotateurs

Traitement médical et rééducation

Dans un premier temps il faudra débuter un traitement médical associé à des séances de rééducation de l’épaule. Des infiltrations peuvent également être pratiquées.

Médicaments

Le traitement médical associe les antalgiques, les anti-inflammatoires, les infiltrations sous-acromiales, et la rééducation.

Kiné

Le but est de soulager la coiffe des rotateurs en faisant fonctionner les muscles qui tirent la tête humérale vers le bas d’autre part afin d’empêcher la tête humérale de remonter et de permettre à la coiffe des rotateurs de fonctionner sans contact avec l’acromion ( diminuer le conflit sous acromial)
Les complications de ce traitement médical sont pratiquement inexistantes.

Durée du traitement

Le traitement doit être prolongé trois à quatre mois avant de conclure à son inefficacité. L’inefficacité du traitement médical, la persistance de douleurs, la persistance d’une gêne dans les activités quotidiennes, de loisir et surtout professionnelle doit faire envisager un traitement chirurgical.

 

Traitement chirurgical

Le geste chirurgical doit s’adapter à tous les stades de la pathologie de la coiffe des rotateurs et aux lésions anatomiques. Il s’effectue lors d’une hospitalisation dont la durée est variable en fonction du geste réalisé. Même si une arthroscopie peut s’effectuer en ambulatoire, les suites immédiates sont relativement douloureuses et le confort n’est pas forcément au bénéfice du patient. Un geste sous arthroscopie peut justifier une hospitalisation de deux à trois jours afin de contrôler les douleurs post-opératoires immédiates et de mettre en route un protocole de rééducation correct et bien compris du patient.

La réparation de la coiffe.

Elle est effectuée sous arthroscopie (chirurgie assistée par vidéo) et associe :

Bursectomie (c’est-à-dire que la bourse sous acromiale inflammatoire est retirée)

Réinsertion des tendons (c’est-à-dire une suture) à l’aide d’ancres chirurgicales.

Ténotomie ou ténodèse de la longue portion du biceps (le tendon est soit sectionné soit suturée). Le choix entre ténodèse et ténotomie dépend du chirurgie, de l’âge du patient et du type de lésion de coiffe.

Eventuellement une acromioplastie (c’est-à-dire que la partie antérieure et latérale de l’acromion est retiré pour augmenter l’espace sous acromial ( pour diminuer le conflit sous acromial)

Réservé aux sujets âgés, aux petite sperforations de la coiffe ou a rupture larges non réparables.

Elle est effectuée sous arthroscopie (chirurgie assistée par vidéo) et associe :

Bursectomie,

Ténotomie ou ténodèse de la longue portion du biceps et éventuellement une acromioplastie.

L’immobilisation post opératoire est nécessaire, soit coude au corps soit en légère abduction (bras écarté du corps)

En fonction du type de réparation, la rééducation est débutée plus ou précocement et poursuivie plusiers mois.

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